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29 janv. 2008

L’affaire se complique

L’affaire se complique

Qu’est-ce que c’est que tout ceci qui va d’ici Jusque là-bas ?

Ho-ho par ici ! Hou-hou par là ! Qui est ici ? Et qui va là ?

Je dis : hé-là Mais c’est pour qui ? Et pourquoi qui Et pourquoi quoi ?

Quoi est à qui ? A vous ? A lui ? Qui vous l’a dit ? Ce n’est pas moi (ni moi non plus) ni moi ni moi

Jean TARDIEU

(1903 - 1995)

28 janv. 2008

ILS BRULENT...

ILS BRULENT ILS BRAMALENT ILS BRAUMONBLENT ILS BROMOMBRUPTRULENT ILS TRUSLENTROMBENTRULE ILS POTOMANTRARBRUDRULE TREMPTRUDRUDRURDITRITRILE ILS KATACHEMUSAMBRITENT

ILS ME BOUFETTENT SI JE LES AMPILETREFITHLE JE LES FOUS EN L’AIR ET ILS ME REJETTENT PAS DE COLLE DANS MES INTERPIMENTS PAS D’AUSKALVE DUR PIS ET ASSEZ

Antonin ARTAUD

(1896 - 1948)

Je chasse les mots...

Je chasse les mots avec un filet à images. J’attrape le rêve en quatre lettre et un chapeau poussière dorée pour un morceau d’étoile une aile d’oiseau une chevauchée bleue dans l’arc-en-ciel. Colette ANDRIOT (1941 - )

21 janv. 2008

Et ton phoque ?

Et ton phoque ? Et ton coq ?

Et ton sac ? Et ton lac ?

Et ton pic ? Et ton tic ?

Et ton boeuf ?

Et ton œuf ? Ils vont bien

Ce matin

Merci pour eux

Pour nous

On s’amuse

Comme des fous !

TOPOR

L'Art poétique selon Guillevic

Si j’écris, c’est disons pour ouvrir une porte.

Le chant Peut être silence.

Lorsque j’écris nuage, le mot nuage, c’est qu’il se passe quelque chose avec le mot nuage…

Ce que je crois ne pas savoir, Ce que je n’ai pas en mémoire, C’est le plus souvent ce que j’écris dans mes poèmes.

Et si le poème Etait une bougie Qui se consumerait sans jamais s’épuiser ?

Quand un poème t’arrive, Tu ne sais d’où ni pourquoi, c’est comme si un oiseau Venait se poser dans ta main …

Le poème s’enracine dans ce qu’il devient.

Je suis un ruminant Je broute des mots.

GUILLEVIC : extraits de son Art poétique - Gallimard, 1989

(1907 - 1997)

Un texte de René Cazajous

Excusez-moi d’arriver un peu tard j’ai un peu traîné sur la route je n’ai pas su choisir parmi les fleurs et les feuillages j’en ai trop cueilli j’en ai perdu beaucoup. Excusez-moi d’apporter des choses trop simples déjà dites à quelques choses près. Je n’aime pas jouer avec les mots les cogner pour faire jaillir des étincelles j’aime les empiler pour faire de petits barrages dans le torrent des heures pour retenir la terre aussi. Tâchez de trouver un peu de silence en vous-mêmes ma voix est grave et sourde et je me suis un peu essoufflé à vous rejoindre.

/René Cazajous / - in _Cette peur que de ma vie_ - Multiples, 1991

11 janv. 2008

Le Petit Prince

Chapitre I

Lorsque j’avais six ans j’ai vu, une fois, une magnifique image, dans un livre sur la Forêt Vierge qui s’appelait “Histoires Vécues”. Ça représentait un serpent boa qui avalait un fauve. Voilà la copie du dessin.

On disait dans le livre: “Les serpents boas avalent leur proie tout entière, sans la mâcher. Ensuite ils ne peuvent plus bouger et ils dorment pendant les six mois de leur digestion”.

J’ai alors beaucoup réfléchi sur les aventures de la jungle et, à mon tour, j’ai réussi, avec un crayon de couleur, à tracer mon premier dessin. Mon dessin numéro 1.

Il était comme ça:

J’ai montré mon chef d’œuvre aux grandes personnes et je leur ai demandé si mon dessin leur faisait peur.

Elles m’ont répondu: “Pourquoi un chapeau ferait-il peur?”

Mon dessin ne représentait pas un chapeau. Il représentait un serpent boa qui digérait un éléphant. J’ai alors dessiné l’intérieur du serpent boa, afin que les grandes personnes puissent comprendre. Elles ont toujours besoin d’explications. Mon dessin numéro 2 était comme ça:

Les grandes personnes m’ont conseillé de laisser de côté les dessins de serpents boas ouverts ou fermés, et de m’intéresser plutôt à la géographie, à l’histoire, au calcul et à la grammaire. C’est ainsi que j’ai abandonné, à l’âge de six ans, une magnifique carrière de peintre. J’avais été découragé par l’insuccès de mon dessin numéro 1 et de mon dessin numéro 2. Les grandes personnes ne comprennent jamais rien toutes seules, et c’est fatigant, pour les enfants, de toujours leur donner des explications.

J’ai donc dû choisir un autre métier et j’ai appris à piloter des avions. J’ai volé un peu partout dans le monde. Et la géographie, c’est exact, m’a beaucoup servi. Je savais reconnaître, du premier coup d’œil, la Chine de l’Arizona. C’est très utile, si l’on est égaré pendant la nuit.

J’ai ainsi eu, au cours de ma vie, des tas de contacts avec des tas de gens sérieux. J’ai beaucoup vécu chez les grandes personnes. Je les ai vues de très près. Ça n’a pas trop amélioré mon opinion.

Quand j’en rencontrais une qui me paraissait un peu lucide, je faisais l’expérience sur elle de mon dessin n° 1 que j’ai toujours conservé. Je voulais savoir si elle était vraiment compréhensive. Mais toujours elle me répondait: “C’est un chapeau.” Alors je ne lui parlais ni de serpents boas, ni de forêts vierges, ni d’étoiles. Je me mettais à sa portée. Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable.

J’ai ainsi vécu seul, sans personne avec qui parler véritablement, jusqu’à une panne dans le désert du Sahara, il y a six ans. Quelque chose s’était cassé dans mon moteur. Et comme je n’avais avec moi ni mécanicien, ni passagers, je me préparai à essayer de réussir, tout seul, une réparation difficile. C’était pour moi une question de vie ou de mort. J’avais à peine de l’eau à boire pour huit jours.

Le premier soir je me suis donc endormi sur le sable à mille milles de toute terre habitée. J’étais bien plus isolé qu’un naufragé sur un radeau au milieu de l’océan. Alors vous imaginez ma surprise, au lever du jour, quand une drôle de petite voix m’a réveillé. Elle disait:

- S’il vous plaît… dessine-moi un mouton !

- Hein!

- Dessine-moi un mouton…

J’ai sauté sur mes pieds comme si j’avais été frappé par la foudre. J’ai bien frotté mes yeux. J’ai bien regardé. Et j’ai vu un petit bonhomme tout à fait extraordinaire qui me considérait gravement. Voilà le meilleur portrait que, plus tard, j’ai réussi à faire de lui. Mais mon dessin, bien sûr, est beaucoup moins ravissant que le modèle. Ce n’est pas ma faute. J’avais été découragé dans ma carrière de peintre par les grandes personnes, à l’âge de six ans, et je n’avais rien appris à dessiner, sauf les boas fermés et les boas ouverts.

Je regardai donc cette apparition avec des yeux tout ronds d’étonnement. N’oubliez pas que je me trouvais à mille milles de toute région habitée. Or mon petit bonhomme ne me semblait ni égaré, ni mort de fatigue, ni mort de faim, ni mort de soif, ni mort de peur. Il n’avait en rien l’apparence d’un enfant perdu au milieu du désert, à mille milles de toute région habitée. Quand je réussis enfin à parler, je lui dis:

- Mais… qu’est-ce que tu fais là ?

Et il me répéta alors, tout doucement, comme une chose très sérieuse:

- S’il vous plaît… dessine-moi un mouton…

Quand le mystère est trop impressionnant, on n’ose pas désobéir. Aussi absurde que cela me semblât à mille milles de tous les endroits habités et en danger de mort, je sortis de ma poche une feuille de papier et un stylographe. Mais je me rappelai alors que j’avais surtout étudié la géographie, l’histoire, le calcul et la grammaire et je dis au petit bonhomme (avec un peu de mauvaise humeur) que je ne savais pas dessiner. Il me répondit:

- Ça ne fait rien. Dessine-moi un mouton.

Comme je n’avais jamais dessiné un mouton je refis, pour lui, l’un des deux seuls dessins dont j’étais capable. Celui du boa fermé. Et je fus stupéfait d’entendre le petit bonhomme me répondre:

- Non! Non! Je ne veux pas d’un éléphant dans un boa. Un boa c’est très dangereux, et un éléphant c’est très encombrant. Chez moi c’est tout petit. J’ai besoin d’un mouton. Dessine-moi un mouton.

Alors j’ai dessiné.

Il regarda attentivement, puis:

- Non! Celui-là est déjà très malade. Fais-en un autre.

Je dessinai:

Mon ami sourit gentiment, avec indulgence:

- Tu vois bien… ce n’est pas un mouton, c’est un bélier. Il a des cornes…

Je refis donc encore mon dessin:

Mais il fut refusé, comme les précédents:

- Celui-là est trop vieux. Je veux un mouton qui vive longtemps.

Alors, faute de patience, comme j’avais hâte de commencer le démontage de mon moteur, je griffonnai ce dessin-ci.

Et je lançai:

- Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.

Mais je fus bien surpris de voir s’illuminer le visage de mon jeune juge:

- C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ?

- Pourquoi ?

- Parce que chez moi c’est tout petit…

- Ça suffira sûrement. Je t’ai donné un tout petit mouton.

Il pencha la tête vers le dessin:

- Pas si petit que ça… Tiens ! Il s’est endormi…

Et c’est ainsi que je fis la connaissance du petit prince.

10 janv. 2008

Mirlababi

Milababi, la chanson (cliquer ici) Mirlababi surlababo Mirliton ribon ribette Surlababi mirlababo Mirliton ribon ribo. Victor Hugo (chanté sur l'air du carillonneur)